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Le skipper de Generali très largement réconforté par la présence à ses côtés de Marc Guillemot a pu correspondre avec son alter ego

Aux portes du Pacifique, il y a quatre manières de vivre cette course. Pour Yann Elies, Marc Guillemot (Safran) comme Sam Davies (Roxy), il s'agit d'assurer les meilleures conditions pour le transfert du skipper de Generali à bord de la frégate australienne venue à sa rescousse. Les favoris quant à eux essayent de faire abstraction du malheur de Yann pour rester dans leur course. Pour les coureurs les plus proches géographiquement qui auraient pu se dérouter, la course est en quelque sorte entre parenthèses tant que leur pote ne sera pas en sécurité. La queue de flotte, quant à elle, essaye de se préserver. Mais tous font pour le mieux…



Le skipper de Generali très largement réconforté par la présence à ses côtés de Marc Guillemot a pu correspondre avec son alter ego
Du mieux pour Yann Elies : le skipper de Generali très largement réconforté par la présence à ses côtés de Marc Guillemot a pu correspondre avec son alter ego. Les deux navigateurs ont pu se voir et Yann a même pu adresser des signes de la main à son saint-bernard… Mais surtout, il a trouvé les ressources physiques et morales pour accéder à sa pharmacie ainsi qu'à un peu d'eau et de nourriture. En tous les cas, le navigateur a largement de quoi tenir jusqu'à l'arrivée des secours. La dynamique collective enclenchée entre le soutien de son équipe à terre et de la direction de course, l'arrivée des secours, la présence essentielle de Marc et la volonté exceptionnelle de Yann aboutit aujourd'hui à une situation qui permet un optimisme mesuré…

Philippe de Villiers, Président du Vendée Globe, vient d'adresser une lettre au Premier Ministre Australien Mr Kevin Rudd pour le remercier de la rapidité et de l'efficacité dont fait preuve la Marine Australienne pour porter secours à Yann Eliès. Il a convié l'Ambassadeur d'Australie en France, Monsieur David Alexander Ritchie, à se rendre au PC Course pour lui exprimer sa reconnaissance pour la part qu'il a prise après de nombreux contacts téléphoniques dans la mise en œuvre des opérations.

Le dilemme du groupe de tête
En tête de flotte, Michel Desjoyeaux continue de mettre ses compagnons d'échappée sous pression. Seul Roland Jourdain (Veolia Environnement), auteur d'une course remarquable, résiste aux coups de butoir du skipper de Foncia. Un cran en dessous, Sébastien Josse (BT) comme Jean Le Cam (VM Matériaux) refusent de se laisser entraîner dans la spirale infernale du toujours plus vite. Pour ces quatre-là, la parenthèse de la course n'existe que dans un repli de leur cerveau… On pense à Yann, mais la bagarre en tête ne laisse pas beaucoup de place pour les états d'âme. Bien évidemment, c'est dans un autre état d'esprit que se trouvent tous ceux qui accompagnaient le skipper de Generali lors de son accident. Parce qu'ils étaient dans le même rythme, qu'ils sont à proximité géographique de la zone d'intervention, tous doivent composer entre la frustration légitime de ne pas pouvoir participer à l'intervention et la nécessité de ne pas sortir de la course : un exercice autrement plus difficile qu'il n'y parait… Quant à ceux qui ferment la marche, ils se disent que la route est encore longue, qu'il faut savoir prendre soin de soi et de son bateau tout en conservant la hargne nécessaire pour rester maître de son destin face aux éléments. De la tête de flotte à la queue de peloton, tous ont à cœur de faire la meilleure figure possible à l'entrée du Pacifique.

Demain est un autre jour
La journée de samedi va marquer deux dates importantes dans la petite histoire de ce Vendée Globe. C'est finalement vers 12h (TU+1) que la frégate de la Marine Australienne devrait arriver sur zone. Erwan Steff, chef de projet de Generali, est entré en contact avec les autorités australiennes de manière à préparer au mieux l'évacuation de Yann : accessibilité au navire, positionnement de la quille pour donner une gîte optimale au bateau ont été quelques uns des points débattus. Pour la course aussi, la journée de samedi devrait marquer l'entrée dans le Pacifique. Après un Indien qui n'avait pas hésité à déterrer la hache de guerre, la plupart des concurrents attend une mer plus ordonnée propice aux longues glissades. Si les conditions devraient permettre à tous de souffler aux latitudes de la Mer de Tasman, il reste que les nerfs devraient encore être soumis à rude épreuve. Les premières analyses montrent des glaces nombreuses sur la route, au point que la porte des glaces de Nouvelle-Zélande a dû, elle aussi, être remontée. Il n'existe pas de répit pour les braves.

Voix du large…

Marc Guillemot (Safran) à la vacation de 11h00 : « Je suis à 500 mètres dans l'axe du bateau de Yann. Je viens de me rapprocher de lui. Le vent est rentré depuis 2 heures, j'ai entre 28 et 32 nœuds. Avec cette mer un peu agitée, ça risque de remuer pour Yann. Pour l'aider, j'ai tenté de lui lancer des vivres et des médicaments, mais ça s'est terminé avec un paquet dans le cockpit, un autre dans l'eau. Il y a eu un moment très fort émotionnellement. Quand je suis passé derrière son bateau, j'ai vu une main s'agiter à l'intérieur de l'habitacle, et l'ombre de sa tête. On s'est appelé en VHF, et ça a été un grand moment. Je sais ce que c'est de souffrir en mer : je l'ai vécu moi aussi. Ce qui est difficile à vivre, c'est d'être à proximité et de ne pas pouvoir lui apporter une aide physique. La consolation, c'est de se dire que l'aide psychologique compte beaucoup. Entre le moment où je suis arrivé et maintenant, j'ai pu noter un changement dans sa voix qui m'a beaucoup rassuré. On a même fini par blaguer. Avec Yann, on a un peu le même défaut : on est breton, on est têtu ! Pour la course, je n'ai aucun regret. J'ai bien l'intention de rester jusqu'à l'arrivée des secours. »

Sébastien Josse (BT) à la vacation de 11h00 : « L'accident de Yann fait froid dans le dos. Je n'aime pas trop ce genre de truc. Je vais faire encore plus attention pour ne pas me faire mal. Nos bateaux sont très raides. Alors, quand on dit qu'il s'arrête dans une vague, ce n'est pas seulement une image. Le bateau s'immobilise et on ne tient plus debout. Il faut donc bien s'attacher, bien se tenir. Je me rappelle souvent cette devise : une main pour le bateau, une autre pour l'homme. Parfois, il faut deux mains pour le bateau. L'Océan Pacifique, on sait que c'est moins casse bateau. La mer, normalement, est plus organisée. Ce sera plus facile d'appuyer sur le champignon. Pour le moment, je marche un peu serré à 17/18 nœuds. J'ai un superbe coucher de soleil sous le manteau nuageux. Ça fait du bien, moi qui suis dans le gris depuis 3 jours. »

Les 5 premiers au pointage de 16h00
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 12 503,4 milles de l'arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 45,2 milles du premier
3- Jean Le Cam (VM Matériaux) à 157 milles du premier
4- Sébastien Josse (BT) à 211 milles du premier
5- Armel Le Cléac'h (Brit Air) à 404,9 milles du premier

Classement des premiers étrangers
10- Sam Davies (Roxy) à 1069,8 milles du premier
11- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 1214,4 milles du premier
12- Dee Caffari (Aviva) à 1676 milles du premier

Vendredi 19 Décembre 2008 - 18:58
Jean-Claude Raveneau

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