Trente-sept : c’est donc le nombre de candidats qui se sont déclarés officiellement et c’est déjà un premier record. Des récidivistes, des candidats au podium, des bizuths, une course qui s’internationalise, des femmes plus nombreuses que jamais et toujours autant d’aventuriers, la cuvée 2020 s'annonce comme un grand cru. Voici les grandes caractéristiques des projets du Vendée Globe 2020.
Neuf bateaux neufs, quatre architectes
Ils devaient être huit, mais un invité de dernière minute vient de s’ajouter à la liste des candidats en la personne de Yann Eliès. Pour son troisième Vendée Globe, Yann devrait disposer lui aussi d’un bateau neuf, mais il n’a pas encore dévoilé qui seront son partenaire et l’architecte choisi pour dessiner sa nouvelle machine. Yann Eliès, Jérémie Beyou (Charal), Sébastien Simon (Arkéa – Paprec), Charlie Dalin (Apivia), Alex Thomson (Hugo Boss), Thomas Ruyant (Advens for Cybersecurity), KojiroShiraishi (DMGMORI), Armel Tripon (L’Occitane) et Nicolas Troussel (Corum L’Epargne) : voici donc la liste des marins qui disposeront d’un bateau neuf conçu en fonction de la dernière jauge IMOCA. Les foils sont aujourd'hui devenus incontournables et ces nouvelles unités sont construites autour de cette arme fatale. Les premiers tests de vitesse ont montré que les derniers-nés de la classe IMOCA pouvaient atteindre près de 35 nœuds.
En rupture avec les éditions précédentes où, bien souvent, un cabinet d’architecte dominait, le Vendée Globe 2020 verra les dessins de quatre cabinets d’architectes s’affronter : les bureaux VPLP (Charal / Hugo Boss / DMG Mori) et Guillaume Verdier (Apivia / Advens for Cybersecurity) qui avaient jusqu'ici travaillé main dans la main, ont décidé de suivre chacun leur chemin, l’architecte argentin Juan Kouyoumdjian (Arkéa Paprec / Corum L’Epargne) revient avec deux bateaux tandis qu’Armel Tripon (L’Occitane) a décidé de faire appel à Samuel Manuard, auteur de dessins prometteurs tant en Class40 qu’en Mini. La quasi-monotypie qui prévalait laisse la place à des choix architecturaux très divers qui présagent un vrai suspense.
Dix-neuf foilers au départ
Outre les neuf voiliers construits pour ce Vendée Globe 2020, dix autres concurrents seront équipés des fameuses moustaches à la Salvador Dali. À la génération 2016, Newrest – Art et Fenêtres (Fabrice Amédéo), Maître CoQ (Yannick Bestaven), Bureau Vallée 2 (Louis Burton), Prysmian Group (Giancarlo Pedote), Malizia (Boris Herrmann), viennent s’ajouter quelques unités qui ont bénéficié d’une refonte complète et pourraient faire jeu égal en faisant valoir leur légèreté. On pense ainsi à PRB (Kevin Escoffier), Initiatives Cœur (Sam Davies) ou bien encore MACSF (Isabelle Joschke). Autres concurrents qui se sont équipés de foils, La Mie Câline Artipôle Les Artisans (Arnaud Boissières), La Fabrique (Alan Roura).
Foilers vs dérives classiques : un équilibre presque parfait
Le reste de la flotte sera constitué des IMOCA à dérives. Au sein de ce contingent, quelques unités particulièrement performantes peuvent tirer leur épingle du jeu, comme le Banque Populaire X (Clarisse Crémer), vainqueur du Vendée Globe 2012, Groupe Apicil (Damien Seguin) ou le monocoque Finistère Mer Vent (Jean Le Cam). Maxime Sorel (V&B Mayenne), Manu Cousin (Groupe Setin), Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) ou Romain Attanasio (Pure) peuvent aussi espérer se mêler à la bagarre. Pour les autres, le Vendée Globe garde avant tout son parfum d’aventure : boucler un tour du monde sans assistance et sans escale, cela n’a rien d’anodin. Sébastien Destremau (Face Océan) arrivé 124 jours après le top départ ou bien encore Conrad Colman qui réussit à rallier la ligne d’arrivée malgré un démâtage au large du Portugal, savent ce qu’il en est. De nombreux skippers portent un message fort au travers de leur candidature, et Erik Nigon (Vers un Monde sans Sida) est l’un des plus opiniâtres d’entre eux. Qu’il s’agisse de naviguer en Class40, en Multi50 ou maintenant en IMOCA, c’est la même cause qui l’anime avec une constance remarquable.
Les femmes de retour sur le Vendée Globe
Jamais la gent féminine n’aura été aussi bien représentée au départ du Vendée Globe. Elles sont six à postuler avec en tête de pont Sam Davies qui forte de son tour du monde en équipage et du bagage acquis compte bien se mêler à la lutte pour le podium. Isabelle Joschke devrait disposer de quelques arguments à la barre de son plan Verdier-VPLP entièrement refondu sous la houlette d’Alain Gautier. Pip Hare (Pip Hare Ocean Racing) et Miranda Merron (Campagne de France) viendront renforcer la colonie britannique, quand Alexia Barrier (4myplanet) fera souffler un petit air du Sud sur la flotte des prétendantes. Enfin Clarisse Crémer apportera sa fraîcheur et sa soif d’apprendre : la demoiselle a du talent et pourrait bien de nouveau surprendre comme elle l’avait fait en 2017 sur la Mini-Transat.
Récidivistes vs Bizuths
Preuve que le Vendée Globe attire de plus en plus : ils sont dix-sept à vouloir remettre le couvert, avec une mention spéciale à Jean Le Cam et Alex Thomson qui aborderont ici leur cinquième participation. Deux autres concurrents entameront leur quatrième campagne : Arnaud Boissières et Jérémie Beyou. Enfin, Sam Davies, Louis Burton et Yann Eliès en seront à leur troisième participation. Neuf concurrents ont décidé de revenir après avoir pris part à l’édition 2016, Alan Roura, Fabrice Amedeo, Stéphane Le Diraison, Romain Attanasio, Sébastien Destremau, Thomas Ruyant, Kojiro Shiraishi, Didac Costa et Conrad Colman. Enfin Yannick Bestaven tire un trait sur son expérience de 2008 qui s’était soldée par un démâtage dans le golfe de Gascogne.
Face à eux, le camp des bizuths reste encore largement majoritaire puisqu’ils seront vingt à s’élancer pour la première fois dans l’aventure. Outre les régatiers issus de la filière Figaro qui auront la chance de disposer d’un bateau neuf ou d’un foiler remis au goût du jour, d’autres voudront prouver que la valeur n’attend pas le nombre des années : Clément Giraud (Fortil) aura à cœur de faire oublier l’incendie accidentel qui l’a frappé avant le départ de la Transat Jacques Vabre. Benjamin Dutreux (Water Family) s’efforcera de démontrer qu’on peut aller au bout de ses rêves. Damien Seguin aura à cœur de faire la preuve que son handicap n’est nullement rédhibitoire pour mener une belle campagne de course autour du monde. Enfin, le Belge Denis Van Weynberg (EyeSea), s’il ne revendique aucunement de se mêler à la lutte pour les places d’honneur réactivera le parfum d’aventure nécessaire à chaque édition du Vendée Globe.
Une course qui séduit par-delà les frontières
De nouveau, le Vendée Globe attire au-delà de nos frontières. Plus d’un tiers (35% exactement, soit 13 candidats) des concurrents viennent de l’étranger. Le record de 2008 est égalé (Ils étaient 13 étrangers au départ en 2008). Celui des nationalités représentées est quant à lui battu avec 11 nations différentes qui constituent ce premier plateau (il y avait 10 nations différentes en 2016).
Les Britanniques forment le plus gros contingent avec quatre candidats (Alex Thomson, Pip Hare, Miranda Merron et Sam Davies). D’une manière générale, l’Europe est largement représentée : Belgique (Denis Van Weynberg), Espagne (Didac Costa), Italie (Giancarlo Pedote), Suisse (Alan Roura), pour la première fois, des concurrents finlandais (Ari Huusela) et allemand (Boris Herrmann et la franco-allemande Isabelle Joschke). De l’autre côté du Globe, on retrouvera de nouveau Conrad Colman qui représentera à la fois la Nouvelle-Zélande et les États-Unis et le Japonais Kojiro Shiraishi pour l’Extrême-Orient, complétant un tableau d’une grande richesse.
Cette 9e édition sera-t-elle la première à voir un étranger s’imposer sur l’Everest des mers ?
Cette édition 2020 se révèle donc particulièrement alléchante. Un nombre inégalé de concurrents au départ, une vraie diversité de profils, des candidats à l’aventure qui vont côtoyer l’excellence sportive et déjà des rebondissements… Vivement novembre 2020 !
Le plateau définitif du Vendée Globe sera connu après la clôture des inscriptions le 1er juillet 2020.