350 milles d'écart, d'Est en Ouest
Les concurrents du Vendée Globe, de Sébastien Josse le plus à l'Ouest, à l'Irlandais Enda O'Coineen, le plus à l'Est s'étalent sur 350 milles et ne connaissent pas les mêmes conditions météo. Si Armel et ses poursuivants commencent à sortir de la dorsale et naviguent dans du vent frais basculant au nord, puis au nord-est (empannages prévus ce soir), d'autres continuent de se battre dans du vent mou. « Le vent a commencé à mollir, on va devoir se rapprocher de la dorsale, c'est un axe qui part de l'anticyclone et qui s'étend jusqu'au détroit de Gibraltar. Le vent va être faible mais il faut traverser cet endroit » expliquait ce midi Tanguy de Lamotte.
Josse à l'attaque
Alors que Paul Meilhat (SMA), grâce à sa trajectoire ouest, n'a pas cessé de remonter au classement pour se retrouver deuxième ce midi, Sébastien Josse sur son foiler Edmond de Rothschild est resté encore plus conservateur maintenant son sillage à l'extérieur. Il chippe donc la place à Paul Meilhat et tente de réduire l'écart sur Armel Le Cléac'h à 16 milles devant son étrave. Une partie du groupe des favoris (Dick, Beyou, Riou, Lagravière) bataille ferme à la sortie de la dorsale, car dès que l'Alizé rentrera, ce sera compliqué de rattraper le retard !
Jeu des chaises musicales au classement
Il y a du match dans le grand match par rapport à la distance au but ! Tanguy de Lamotte se retrouve 9e devant Yann Eliès et une tripotée de marins entre la 7e (Morgan Lagravière) et la 13e place (Kito de Pavant) se battent comme des chiffonniers dans un mouchoir de moins de 10 milles… Jean Le Cam (11e) et Thomas Ruyant (12e) s'offrent un joli duel à moins d'un mille d'écart, comme Louis Burton (16e) et Conrad Colman (17e). Alan Roura (24e) espère bien manger le Hollandais dans les heures à venir : 2 milles le séparent de Pieter Heerema.
Madère demain matin
Armel Le Cléac'h devrait rapidement empanner (ce soir) avant de profiter pleinement du vent de Nord-Est bien établi et de plus en plus tonique. Le skipper de Banque Populaire VIII pourrait doubler Madère à 40 milles dans son Ouest tôt demain matin, avant d'atteindre la latitude des Canaries jeudi matin. Sébastien Destremau, désormais à 304 milles de la tête de course, affiche un retard de 36 heures…
Le Village du Vendée Globe a pulvérisé tous les records de fréquentation
Yves Auvinet : "Près de 1,5 millions de visiteurs se sont déplacés sur le Village aux Sables d'Olonne durant les trois semaines et le jour de départ. C'est un nouveau record d'affluence qui conforte la position du Vendée Globe comme événement populaire et médiatique de tout premier plan. Ce très bon résultat de fréquentation est lié bien sur à la présence des 29 magnifiques monocoques et à la disponibilité de leurs skippers, mais aussi à la qualité des nombreuses animations et expositions présentées sur le Village. Sans oublier une météo estivale dont a bénéficié la Vendée durant les trois semaines. Ce résultat est de bon augure pour la suite de l'événement et nous promet une belle mobilisation pour l'arrivée des marins ".
Position : à la latitude de Rabat
- Dernier jour dans la dorsale avant une accélération poussée par le Nord-Est
- Une flotte étalée d'Est en Ouest sur 350 milles
- Sébastien Josse, deuxième, part en chasse
- Madère, demain !
- 1,5 millions de visiteurs sur le Village du Vendée Globe
Ils ont dit en mer
« Les conditions sont changeantes. Le vent a tendance à mollir. Je vais chercher la bascule au Sud-Ouest de l'anticyclone. On va rester dans la bascule un moment et on va redémarrer demain matin. On filera vers le sud jusqu'au pot au noir. Là je suis un peu décalé dans l'Ouest par rapport au peloton. Je suis content de l'avoir fait. Je vais passer plus près de l'anticyclone que les autres. Les conditions ne sont pas simples. On a vécu 3 semaines intenses aux Sables avec beaucoup de sollicitations. Basculer directement en mode solitaire, guerrier, ce n'est pas simple. »
Bertrand de Broc, MACSF
« La météo est particulière. Il faut y aller avec des pincettes. D'autres ont bien marché dans ces conditions. Le Jean le Cam par exemple. Il n'a pas été mauvais comme on dit. Avant le cap Finisterre, ça marchait bien, mais depuis j'ai fait quelques erreurs tactiques. J'ai perdu un peu de terrain. Après c'est compliqué pour revenir. Je n'allais pas très vite jusqu'à ce matin mais là ça va mieux. Je ne sais pas pourquoi. Je n'ai pas d'explications. Il y a toujours possibilité de recoller un peu. Il y a une demi-heure les premiers allaient doucement. Mais après la dorsale ça va repartir. Je ne suis pas mal positionné pour la suite à long terme. Je commence à être dans mon rythme. Je suis un peu diesel. »
Alan Roura, La Fabrique
"Actuellement, j'ai un 20 nœuds de vent au reaching. Il commence à faire meilleur. Je suis content de ma course pour le moment parce que je ne suis pas trop dans les choux. C'est la première fois que je navigue aussi chargé. Je me fais de bons petits plats, de la musique, tout ça... J'ai une route un peu plus Est pour avoir du vent. Dans la nuit j'irai chercher les Canaries. Il y a deux options. Devant ça se tamponne un peu. J'essaye de ne pas trop regarder la position des autres, mais je pense passer entre Madère et les Canaries. J'ai encore la possibilité de faire ce que je veux. Mon bateau est en pleine forme. Rien à dire, une merveille. Je fais le tour du bateau deux fois par jour pour vérifier que tout va bien. »
Louis Burton, Bureau Vallée
"J'ai fait une petite erreur la deuxième nuit le long du Portugal, mais la course est longue. Là, le moral va mieux. Je sors d'une sieste d'une heure.
J'ai Conrad sous mon vent, à un mille et demi, avec qui je fais la course depuis hier soir. C'est assez sympa. J'avais tenté une option à l'Est parce que je pensais que ça serait plus difficile à l'Ouest mais ils s‘en sont pas mal sortis les gars. Je vais essayer de passer à l'Est de Madère, mais si ça me met trop près de l'île j'irai à l'Ouest. J'ai des petits pépins au niveau des ballasts et d'un hydro-générateur. Mais globalement ça va. »
Tanguy de Lamotte, Initiatives Coeur
"On est à la bagarre avec Jean (le Cam) et Thomas Ruyant. On s'apprête à un passage avec du vent plus faible. C'est une petite transition pour passer la dorsale. Je suis dans un bon groupe avec des bateaux contre qui je veux me battre. Le vent a commencé à mollir, on va devoir se rapprocher de la dorsale, c'est un axe qui part de l'anticyclone et qui s'étend jusqu'au détroit de Gibraltar. Le vent va être faible mais il faut traverser cet endroit. Après on va pouvoir empanner pour plonger vers le sud et passer Madère dans la nuit. »
Yann Eliès, Quéguiner-Leucémie Espoir
"Quand on regarde la cartographie on se rend compte qu'il y a des écarts mais que c'est serré. On avance un peu de front sur une ligne Est-Ouest c'est à celui qui réussira à mieux sortir de l'anticyclone et des griffes de la dorsale. Celui qui va chopper les alizés va creuser l'écart. Il y a quand même une bonne dizaine de bateaux de front. C'est possible qu'on sorte de la dorsale cette nuit je pense. Les routages me font passer vers Madère. J'ai un deuxième passage à négocier après la dorsale. Là, on a beau temps, je ne suis plus en ciré. On n'a pas trop souffert du froid. J'ai fait tomber les bottes, j'ai enlevé une partie de la polaire, mais je ne suis pas encore en short et t-shirt. De ce côté-là, c'est plutôt la belle vie."
Concernant l'élection de Donald Trump :
Rich Wilson (USA) Great American 4:
« Quelle journée ! J'ai toujours soutenu Clinton et je pense qu'elle aurait été une bonne présidente, mais mon pays n'a pas été d'accord. C'est toujours un beau pays. Nous sommes sur un bateau qui s'appelle Great American. Quand je reviens, j‘aurai un nouveau président. L'important est d'être ouvert à tout le monde. On peut apprendre beaucoup des autres. Une chose que j'apprécie avec le Vendée Globe, c'est mon déplacement en France, car j'apprends beaucoup des Français, que ce soit du public ou des marins. Il faut que nous persévérions en tant que nation, comme moi je le fais ici dans le
Vendée Globe ».
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Conrad Colman (USA-NZ), Foresight Natural Energy :
(NDLR Colman est diplomé en sciences politiques de l'Université de Colorado)
« C'est un gros choc. Je croyais que mon oncle plaisantait quand il m'a informé de l'actualité. Je suis content d'être ici en mer… Bien entendu le gouvernement est élu par le peuple pour le peuple. C'est pour cela que je me demande à quoi les gens pensaient quand ils ont voté. Mais il faut respecter le choix démocratique, même si Donald Trump, lui, ne voulait pas soutenir le processus démocratique. Il disait que s'il ne gagnait pas, cela aurait été une arnaque. Concernant la course, cela fait du bien de me battre face à Louis (Burton), car il a un bateau plus moderne, qui est un peu plus rapide. Le fait que je reste avec lui est encourageant. Là je viens de le quitter pour descendre vers le sud afin de traverser la dorsale. J'espère que cela marchera ».