Les Sables - Horta, J-1 Départ demain dimanche 5 juillet

C’est comme lors de la revue de paquetage. Cette dernière journée dans le port des Sables d’Olonne avant le grand saut est consacrée aux révisions générales. Inlassablement, les équipages vérifient les derniers détails qui, s’ils n’ont pas toujours de grandes conséquences à terre, peuvent transformer la vie en mer en enfer. Inspection détaillée du mât, relecture compulsive de la liste d’armement, chargement des derniers fichiers météo sur l’ordinateur de bord sont quelques uns des passages obligés. Il faudra être en ordre de marche lors de l’inspection générale du golfe de Gascogne…
Si leur dernière matinée fut studieuse, les concurrents de la double « Les Sables – Horta – Les Sables » ont profité de l’après-midi de beau temps pour emmagasiner du repos, passer encore quelques heures avec leurs proches, voire peaufiner encore quelques derniers détails de navigation. Car si les premiers jours de course promettent d’être relativement clairs en matière de stratégie, la donne risque de sérieusement se compliquer une fois le golfe de Gascogne dans le sillage. La faute à un système perturbé complexe sur le proche Atlantique, lié à un petit centre dépressionnaire sur le sud des Açores, tous deux opposés à une dorsale anticyclonique du nord de l’Archipel à la côte portugaise. Faudra-t-il contourner cette zone de transition par le nord ou plonger au sud ? Aujourd’hui l’heure est aux interrogations métaphysiques et dans ces conditions mieux vaut pouvoir se rattacher à quelques certitudes : disposer d’un matériel éprouvé et cent fois testé, mettre en place des procédures de fonctionnement pour l’équipage, procéder à l’avitaillement avec minutie sont autant de garde-fous contre la gamberge et le doute.





Pronostics : la bouteille à l’encre



D’autant que le prologue a largement contribué à brouiller certaines cartes. La démonstration des Britanniques de Keysource a impressionné nombre d’observateurs : tactique inspirée, manœuvres parfaites, vitesse. Le duo Mike West – Paul Worswick a vu sa côte singulièrement remonter. D’autres bateaux ont montré aussi un joli potentiel et tout porte à croire que cette première étape pourrait être beaucoup plus serrée que l’on ne croit… Bien évidemment, malgré leur relative contreperformance du prologue, tout ce petit monde attend de pied ferme le duo Giovanni Soldini – Karine Fauconnier (Telecom Italia). On sait le plan Verdier particulièrement rapide et nul ne doute que l’inspiration de Giovanni associée à la rigueur cartésienne de Karine devrait faire quelques étincelles. Manière de conjurer le sort, quelques uns des favoris à l’instar d’Yvan Noblet (Appart City) ou bien encore Wilfrid Clerton (CG Mer) refusent d’endosser un costume manifestement taillé pour eux… Modestes à terre, à l’attaque en mer, c’est peut-être le début de la sagesse. Pour certains le plaisir de naviguer passe avant tout et pour ceux-là, le simple fait de pouvoir se dire qu’on est allé au bout de ses capacités, qu’on a navigué proprement sera déjà une immense satisfaction. Quoique ! A entendre le nombre d’équipages qui seraient déçus de se classer au delà des cinq premiers, il est évident que les places seront chèrement disputées. Et quitte à naviguer pour le podium, autant viser la première marche.



Demain, le départ de la course sera donné à 16h02. La flotte enclenchera un petit parcours côtier devant le remblai des Sables d’Olonne avant de s’envoler vers le large. Météo France annonce un régime de vents d’ouest de 10 à 12 nœuds, du soleil… des conditions idéales pour entrer en douceur dans le rythme de la course au large. Une première nuit sous les étoiles quand la carène glisse doucement sur une mer plate… dans leur quête du Graal, les navigateurs auront déjà un avant-goût du paradis.



www.lessables-horta.com



Photo : Stéphanie Gaspari