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Comment la France en est arrivée là !



Cher lecteur industriel,

Après avoir étudié les modèles économiques américains et français et avant d'approfondir les modèles allemands et chinois, nous allons rester quelques semaines sur la France. Aujourd’hui, nous essayerons de comprendre pourquoi la France, qui a connu une bonne situation industrielle et économique jusqu’à la fin des années 60 a dérapé et perdu le contact avec les leaders mondiaux de l’économie. Notre recherche des causes sera chronologique et ne cherchera en aucun cas à classer les événements par ordre d’importance.



Une gestion à contre-sens économique de l’immigration dès les années 1970.

Mai 68 a sonné la fin de la période d’après-guerre. La jeunesse qui n’a pas connu le conflit veut profiter de la vie et réclame plus de libertés et moins de travail.

Depuis plus de 10 ans la France fait appel aux travailleurs émigrés. Ceux-ci viennent seuls, sans famille, dans la mesure où ils ne doivent pas rester en France mais repartir dans leur pays d’origine.

Alors même que se terminent « les 30 glorieuses » et la période de forte croissance de l’après-guerre, alors même que l’on aura besoin de moins de main d’œuvre, la France décide de faire venir les familles des travailleurs émigrés. Le chômage commence à s’installer.

La population immigrée à intégrer est multipliée par trois. Le manque d’emplois et les différences culturelles et religieuses vont rendre difficile l’intégration des femmes et des enfants. La fracture sociale apparait. Par nécessité, les immigrés prennent les travaux difficiles que les Français ne veulent plus faire.



La France invente : « le traitement social du chômage ».

Si on vous demandait de trouver une solution pour réduire le chômage, vous chercheriez à mobiliser les énergies de chacun, et surtout celle des chômeurs pour créer des emplois. Mais « l’exception française » ne pense jamais comme tout le monde. En 1975, face à la fin de la période de croissance, nous avons inventé « le traitement social du chômage » ou comment financer les chômeurs presque que comme s’ils travaillaient. Près d’un demi-siècle plus tard, la formule est toujours là. Dans certaines familles, le grand-père en a profité, le père en a profité et le fils en profite. On a fait du chômage un mode de vie. Les Allemands ont corrigé le tir il y a 20 ans. Les Français n’ont toujours pas compris.



Une très mauvaise adaptation de la France à la mondialisation.

En 1980, la Chine engage sa renaissance économique, après 140 années de malheur, de guerres civiles, d’invasions et de révolutions. La population chinoise meurt de faim et compte environ 1,0 milliard de sans emploi. Pour créer des emplois, la Chine s’ouvre à l’économie mondiale et pour ne plus mourir de faim, les Chinois acceptent de très faibles salaires (26 fois moins qu’en Occident).

Les pays Occidentaux transfèrent en Chine une grande partie de leurs productions nationales. La Chine devient « l’usine du monde » et tous les produits portent rapidement la marque « Made in China ».

L’emploi en France est peu à peu laminé. L’industrie qui représentait 24% des emplois en 1970 n’en représente bientôt plus que 15%, puis 12%. Sans industrie, la productivité nationale et les possibilités de hausses des salaires s’effondrent. La Chine créé 600 millions d’emplois chez elle alors que l’Occident ne défend plus les siens.

C’est le moment que choisissent les dirigeants français de l’époque pour augmenter fortement les salaires, pour accorder la 5ième semaine de congés, pour faire partir en retraite plus tôt, pour augmenter le nombre de fonctionnaires et pour engager de nombreuses dépenses improductives. Les délocalisations et le chômage s’accélèrent. Le déficit devient chronique. La France dévisse, vidée de son travail par ses Services Achats.



La France, engage la création de l’Euro sans s’en donner les moyens.

En 1999, Allemagne et France acceptent d’avoir la même monnaie. Les cultures monétaires des deux pays sont très différentes. En 1961 (40 ans plus tôt), 1 Franc valait 1 Mark. Mais la France a dévalué régulièrement sa monnaie pour compenser son manque de compétitivité. En 40 ans la France a divisé par 4 la valeur du Franc par rapport au Mark.

Avec l’Euro la France ne peut plus dévaluer. Notre industrie exportatrice est toujours plus faible et notre rigueur budgétaire toujours plus laxiste. Le pouvoir d’achat des Français en Euro recule chaque jour un peu plus.



En 1999 la France engage les 35 heures et s’abandonne aux exigences syndicales.

Alors même que la Chine entre à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) pour mieux accélérer sa politique exportatrice, et au lieu de pousser la compétitivité de la France (pour suivre l’exemple allemand), le gouvernement de 1999 engage les 35 heures, ajoutant une nouvelle dégradation de compétitivité française de 11%. Le travail continue de fuir une France devenue trop cher et trop peu flexible. Faute de revenus suffisants pour financer ses dépenses la France emprunte sans cesse davantage. Ce sont les enfants qui devront se priver et rembourser.



Bulle internet (2000), crise financière (2008) et financiarisation de l’économie.

Internet arrive vers 1995 et annonce la révolution dans le monde du commerce. Tout le monde délaisse l’industrie traditionnelle (les bricks and mortar) pour investir dans l’industrie de l’Internet (e-commerce). Les bourses explosent mais, de même que les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel, la bulle éclate en 2000 et l’économie du Net s’effondre.

Pour relancer l’économie après la bulle du net et les attentats du 11 septembre 2001, les USA engagent une fuite en avant du crédit immobilier hypothéqué et des produits financiers toxiques. Une nouvelle bulle financière éclate en 2008. Pour éviter la faillite des banques, les Etats du monde entier injectent des milliards dans l’économie. Cette masse de monnaie virtuelle (crée de toute pièce et non produite par le travail) va générer une nouvelle économie de la finance permettant de gagner beaucoup d’argent avec de l’argent. C’est l’âge d’or des traders. Les financiers s’enrichissent sans travailler quand ceux qui travaillent s’appauvrissent. Deux mondes se créent : celui du luxe et du pouvoir d’achat illimité et celui de la frugalité et du low-cost obligé.



Le chômage s’installe et le goût pour le travail s’évanouit.


Coincée entre un manque de travail et une demande infinie de loisirs, la France doit se financer par la dette. Il faut en effet acheter la paix sociale. On continue d’indemniser fortement les chômeurs et on redistribue massivement l’argent public avec l’aide sociale (la moitié du budget de la France). Il y a de moins en moins de gens qui travaillent et de plus en plus de gens qui ne travaillent pas. La population marchande (tout le monde moins les enfants et les étudiants, moins les femmes ou les hommes au foyer, moins les fonctionnaires, moins les retraités, moins les chômeurs) qui finance l’économie, ne représente plus en France que 28% de la population (au lieu de 40% en Angleterre, 40% en Allemagne, 40% aux USA, 46% au Japon, 47% en Corée et 55% en Chine). Comme nous le répéterons chaque semaine jusqu’à ce que nous soyons entendus, il manque 8 millions de travailleurs marchands en France. Le poids qui s’accumule sur ceux, toujours moins nombreux, qui travaillent pour les autres, augmente chaque jour. Encore une fois : la France cumule ainsi le plus faible temps de travail par semaine, le plus grand nombre de semaines de congés et le plus petit nombre de travailleurs marchands. Qui peut croire que cela peut durer ?



La population mondiale explose et les réponses écologistes sont utopiques.


Nous étions 2,5 milliards sur la Terre en 1950. Nous serons 12,5 milliards en 2100 (dont 4,5 milliards en Afrique). Les migrations ne font que commencer et la France généreuse mais au chômage veut accueillir la Terre entière. Ce contexte est favorable à l’éclosion des altermondialistes qui font croire à un retour possible aux conditions de vie primitives, sans travail, sans énergie et sans exploitation des ressources de la Terre. Certaines utopies écologistes conduisent même à gaspiller des milliards en investissements dans des solutions sans efficacité et à encore handicaper davantage la compétitivité d’une France qui investit déjà trop peu pour son avenir.



La productivité agricole et les fermetures d’usines font une urbanisation massive.

Il y a moins d’agriculteurs (mécanisation + importations) et les usines de provinces sont transférées en Chine. La province s’appauvrit et devient moins attractive (médecine, transports, écoles,…). Les jeunes veulent aller vivre en ville, mais les prix de l’immobilier flambent. Les campagnes deviennent des dortoirs sans activité. On doit aller travailler très loin, quand on a du travail, et le carburant coûte cher afin de pénaliser l’usage des énergies fossiles (c'est la fameuse taxe carbone).



La démocratie du « toujours plus » accentue ses ravages sociétaux.

Celle-ci engendre l’individualisme généralisé et la contestation de toute autorité.

Alors même que les citoyens avaient de moins en moins de devoirs (travail devenu facultatif, suppression du service militaire, santé gratuite, vacances supplémentaires, suppression des uniformes dans les l’écoles, bannissement de toute autorité, non application des sanctions judiciaires, …), ils avaient de plus en plus de droits (droit de faire ce que l’on veut quand on le veut, droit de s’élever contre l’autorité et la loi, droit de critiquer sans avoir la connaissance, droit de tout avoir sans faire l’effort de le mériter, …).

Dans ce contexte le système éducatif s’est effondré, les valeurs familiales ont été détruites, la laïcité a été bafouée, la discipline citoyenne n’existe plus et la cohésion nationale a volé en éclat. "Notre pays a laissé les ennemis de la liberté utiliser la liberté pour détruire la liberté". La République a même cru pouvoir remplacer les institutions religieuses et la France qui croit encore pouvoir faire rayonner sa vision des droits de l’homme dans le monde entier, fonce elle-même vers l’anarchie.



Le millefeuille administratif symbolise une décentralisation ratée.

La décentralisation désordonnée a rendu chaque niveau impuissant et irresponsable, conduisant chacun à tout attendre de l’Etat. La France s’étouffe de son système monocellulaire, trop parisien et trop élitiste. Beaucoup ne croient plus à la démocratie représentative.



Avec l’intelligence artificielle, le pire pour l’emploi reste peut-être à venir.

L’IA remplacera en partie l’homme peu qualifié. Nos dirigeants Européens ne nous y ont pas préparés. La France indisciplinée ne pourra pas, ni seule, ni avec l’Europe faire face à des USA qui contrôlent les GAFA et à une Chine ultra disciplinée, équipée de ses BATX et dirigée, dans la continuité, vers une renaissance nationale.



Le terrorisme s’installe en France et la guerre islamique se généralise.

Face à l’apathie des démocraties qui les accueillent, certains veulent changer notre modèle religieux et culturel. Ils mènent pour cela des actions terroristes au sein du territoire. Ils tuent, épuisent le moral des citoyens, détruisent la cohésion nationale et assèchent les finances du pays.

A l’étranger l’armée française est la seule en Europe à prendre à sa charge humaine et financière, la défense des pays d’Afrique et du Moyen-Orient envahis par les guerriers djihadistes.



Aux 28% de travailleurs marchands de porter la France et toutes ses initiatives


La conséquence est toujours la même : plus de charges pour les travailleurs marchands et plus de risque de voir leurs emplois délocalisés parce qu’ils coûtent trop cher. C’est cela, « l’injustice sociale à la française », un véritable « génocide économique » plus marqué dans notre pays qu’ailleurs et conséquence d’une mondialisation trop mal gérée par nos dirigeants politiques des 40 dernières années. Les travailleurs marchands restent le dernier rempart pour éviter notre faillite collective. Il nous revient de les consolider. Nous proposerons notre plan "Sauver la France" dans quelques semaines.



Chers amis industriels, mobilisons-nous et réinventons notre économie.

A mardi prochain, si vous le voulez bien, pour présenter nos réponses aux 35 questions posées par le Président de la République dans le cadre du grand débat national.

Jacques Leger

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Mercredi 13 Février 2019
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