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Notre-Dame-des-Landes : les opposants ne désarment pas

Délogés vendredi et samedi par les forces de l'ordre, les opposants au projet d'aéroport ont repris dimanche leurs travaux d'occupation.



Notre-Dame-des-Landes : les opposants ne désarment pas
La Zone d'aménagement différée (ZAD), où se durcit l'opposition au projet d'aéroport sur les 2000 hectares de la commune de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), risque de porter son nom encore longtemps. Sitôt après qu'une autre intervention policière musclée eut délogé vendredi et samedi le bastion de résistants qui avaient réinvesti les lieux, les opposants recommençaient dès dimanche les travaux d'occupation de la zone. Un jeu de construction et déconstruction qui a mobilisé des centaines de personnes, notamment sur le site de la Châtaigneraie où s'organise un véritable PC de guerre. Le «kyste» que Manuel Valls disait fermement ne pas vouloir laisser s'installer ce week-end prend des airs de gangrène, avec une radicalisation tentaculaire de la solidarité entre les différentes franges d'opposants.

Sous l'œil des gendarmes mobiles laissés encore sur place, plusieurs centaines de riverains, familles, altermondialistes et agriculteurs contournaient leurs barrages à travers champs pour acheminer les matériaux de construction et partager un pique-nique géant. Dans un chaos de branchages, de planches, de boue et de feux de bois pour réchauffer les ardeurs de la mobilisation, s'échappaient les bruits de tronçonneuse et de marteaux. Seuls les tirs de la chasse du dimanche et l'hélicoptère de gendarmerie qui survolait la zone rappelaient la tension de la veille, où grenades et altercations avec les forces policières ont fait plusieurs blessés. Alors que les gendarmes ont fait état de quatre blessés dans leurs rangs et de deux activistes, on évoque sur place une centaine de blessés. Côtes cassées au flashball, plaies, problèmes oculaires et auditifs dus aux grenades lacrymogènes et assourdissantes… Un PC de secours s'est monté en hâte au QG historique, la Vache Rit, avec des médecins, des infirmières, des secouristes et des pharmaciens venus des villages environnants en renfort. «Entrée interdite, sauf blessés», indique un nouveau panneau sur la porte principale du QG. Shoppy, 60 ans, le militant mascotte de la ZAD, a du mal à suivre le mouvement. Interpellé samedi lors des altercations, il a «le plexus enfoncé, 2 côtes cassées et une fêlée», dit-il hagard. Un huissier est venu constater les destructions sur le site et l'avocat des opposants a déposé un référé au tribunal de Saint-Nazaire pour les faire cesser.

70 élus s'enchaînent aux grilles de la préfecture de Nantes
La décision du gouvernement, samedi soir, de créer une «commission de dialogue» durant six mois a été favorablement accueillie sur place mais non sans réserve. «Parler de dialogue et laisser les forces de l'ordre en place est incompatible, c'est une provocation!, s'exclame Gilles Denigot, opposant au projet et ancien élu du conseil général. Les Verts du gouvernement sont peut-être muselés, mais si une muselière empêche de mordre elle ne devrait pas empêcher de parler!».

Comme de nombreuses autres personnes, «c'est en voyant la répression policière lors des expulsions et de la manifestation samedi à Nantes» que Pierre-Eric, arrivé de Redon avec une famille de 5 enfants, a décidé de venir. À Nantes, dimanche, 70 élus sont venus s'enchaîner aux grilles de la préfecture. Une délégation a été reçue par le préfet pendant une demi-heure. «Nous lui avons demandé le retrait des forces de l'ordre», explique Françoise Verchère, élue EELV au conseil général. Sur un barrage routier, un colonel de gendarmerie l'assure: «C'est calme maintenant, notre mission est seulement de veiller à la libre circulation. Si ça s'est agité la nuit dernière, c'est parce qu'il nous fallait détruire les barricades qu'ils installent pour bloquer les accès.»

Sur place, agriculteurs et riverains s'énervent d'entendre parler des 150 à 500 activistes décrits comme violents et irréductibles par les forces de l'ordre. «Il y a là une biodiversité militante très très forte mais pas de guerriers de ce genre», dit Gilles Denigot. C'est pour diviser la lutte que les gendarmes disent ça.» Les forces de l'ordre affirment de leur côté que des «ultras» sont venus d'Italie, d'Allemagne et de Grande-Bretagne pour durcir la lutte. «Il n'y a aucun groupuscule d'anarchistes dangereux, s'écrie Michel Tarin, 65 ans, agriculteur et opposant historique au projet. C'est nous tous le groupuscule, les 3000 que nous sommes, main dans la main. Il n'y a aucun bras armé comme on le prétend, ça se corse seulement quand les flics s'en mêlent, c'est tout. Et on n'a pas peur de le dire: nous paysans, on va les prendre les pierres et les bâtons!» Gégé, encagoulé, «regrette les débordements de violence» car «le cœur de notre action est pacifique, tout au contraire». Selon lui, quelque 200 ou 300 anarchistes autonomes seraient présents.

L'Acipa, principale organisation d'opposants, a appelé à une nouvelle mobilisation lundi matin dès 5 heures, pour «protéger les cabanes réoccupées» et éviter une nouvelle expulsion par les forces de l'ordre.


Lundi 26 Novembre 2012
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