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« Mon cher cousin Gaston. Je suis très fier d'être le Chaissac en escarpins. Fais moi aimer de madame Charreau et Louise Foucault et de l'agent voyer et des cantonniers, de Herbreteau dit la Pibole, Edmond Prouteau et Marie Roy (qui faisait de la broderie plumetis), Maurice Charrieau et le parrain de ta fille qui est valet de ferme à la Merlatière où le diable a dansé avec du feu sous les pieds car ceux sont tous les gens que j'aime et de qui j'aime l'amitié ». Lettre de Jean Dubuffet à Gaston Chaissac, jeudi [5 juin 1947] « Cher Dubuffet. C’est évident qu’un chercheur ne doit pas se borner a faire des tableaux rien qu’avec de la peinture et des pinceaux et même sans être chercheur je m’étonne qu’un artiste puisse employer toute sa
vie les même outils et les mêmes produits sans en avoir la nausée. » Lettre de Gaston Chaissac à Jean Dubuffet [jeudi 26 ou vendredi 27 juin 1947]
vie les même outils et les mêmes produits sans en avoir la nausée. » Lettre de Gaston Chaissac à Jean Dubuffet [jeudi 26 ou vendredi 27 juin 1947]
Gaston Chaissac (1910-64) et Jean Dubuffet (1901-1985) se sont rencontrés au mitan des années quarante, par lettres interposées et par l'entremise de Jean Paulhan. Leur relation s'inaugura sous le signe de l'écriture. Elle dura jusqu'à la mort de Chaissac en 1964. Leur correspondance abondante (dont le corpus réuni et publié à l'occasion de l'exposition représente un échange de plus de quatre cents lettres) est une mine pour relire leurs œuvres à l'aune de leurs passions et de leurs détestations, de leurs espoirs, de leurs succès et de leurs déconvenues. Après une interruption de dix années consacrées au négoce du vin, Jean Dubuffet, installé à Paris, renoua définitivement avec ses premières amours artistiques en 1944 à l'occasion d'une exposition personnelle à la galerie Drouin qui fit grand bruit. Chaissac à cette date a quitté la capitale. Il s'y était, en autodidacte averti, initié à l'art auprès d'Otto Freundlich et de Jeanne Kosnick-Kloss qui lui organisa sa première et discrète exposition parisienne à la galerie Gerbo en 1938. En 1942, son mariage avec Camille l'emmena en Vendée (Boulogne puis Sainte-Florence de l'Oie) où il passa le reste de sa vie. En apparence, ces deux-là ont peu en commun : Dubuffet, évoluant dans un milieu aisé, citadin,
compose malgré sa défiance avec le milieu artistique et se taille vaille que vaille une réputation qui, aussi scandaleuse et décriée soit-elle en France, lui vaut très tôt l'intérêt des Américains. Gaston Chaissac, isolé dans le bocage vendéen, se heurte aux sarcasmes des paysans du coin, se méfie de loin des marchands parisiens, vit chichement auprès de sa femme, institutrice laïque, de quelques travaux journaliers et des récoltes de son jardin. Mais à y regarder de plus près, ils partagent un même enthousiasme pour tout ce qui touche à « l'homme du commun » et se défient des bonnes recettes éculées d'un art savant qu'ils jugent par trop répétitif et ennuyeux. Si les gouaches hautes en couleur de Gaston Chaissac révèlent un coloriste hors pair alors que les hautes pâtes texturées de Dubuffet excellent dans la trituration de la matière, il n'en est pas moins sur que, là où les moyens diffèrent, l'esprit d'expérimentation incessante qui les anime est bien le même. Gaston Chaissac, qui se désignait comme un « peintre rustique moderne » et Jean Dubuffet, fervent défenseur de « l'art brut » auprès duquel il aimait se ressourcer traquaient tous deux l'art au détour du chemin et le saisissaient bien vivant là où d'autres ne le voyaient pas. C'està la découverte de cet art neuf, qu'ils pratiquèrent en virtuoses de la récupération et de la métamorphose de matériaux dérisoires et sans noblesse, qu'invite cette exposition en revenant sur la complicité artistique et littéraire de ces deux peintres et épistoliers de talent qui furent tout aussi novateurs dans le domaine de l'écriture que dans celui de la peinture.
compose malgré sa défiance avec le milieu artistique et se taille vaille que vaille une réputation qui, aussi scandaleuse et décriée soit-elle en France, lui vaut très tôt l'intérêt des Américains. Gaston Chaissac, isolé dans le bocage vendéen, se heurte aux sarcasmes des paysans du coin, se méfie de loin des marchands parisiens, vit chichement auprès de sa femme, institutrice laïque, de quelques travaux journaliers et des récoltes de son jardin. Mais à y regarder de plus près, ils partagent un même enthousiasme pour tout ce qui touche à « l'homme du commun » et se défient des bonnes recettes éculées d'un art savant qu'ils jugent par trop répétitif et ennuyeux. Si les gouaches hautes en couleur de Gaston Chaissac révèlent un coloriste hors pair alors que les hautes pâtes texturées de Dubuffet excellent dans la trituration de la matière, il n'en est pas moins sur que, là où les moyens diffèrent, l'esprit d'expérimentation incessante qui les anime est bien le même. Gaston Chaissac, qui se désignait comme un « peintre rustique moderne » et Jean Dubuffet, fervent défenseur de « l'art brut » auprès duquel il aimait se ressourcer traquaient tous deux l'art au détour du chemin et le saisissaient bien vivant là où d'autres ne le voyaient pas. C'està la découverte de cet art neuf, qu'ils pratiquèrent en virtuoses de la récupération et de la métamorphose de matériaux dérisoires et sans noblesse, qu'invite cette exposition en revenant sur la complicité artistique et littéraire de ces deux peintres et épistoliers de talent qui furent tout aussi novateurs dans le domaine de l'écriture que dans celui de la peinture.