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11 novembre : transmettre pour construire par Dominique SOUCHET, député de la Vendée membre de la Commission des affaires étrangères

par Dominique SOUCHET, député de la Vendée membre de la Commission des affaires étrangères



11 novembre : transmettre pour construire par Dominique SOUCHET, député de la Vendée membre de la Commission des affaires étrangères
Le 11 novembre reste un de ces moments rares qui, chaque année, nous fait brusquement retrouver le sens du roman national, et nous invite à méditer sur les avatars de sa transmission.Pourtant, de bons esprits ont entrepris d’en changer le sens. Au motif que nous avons « changé d'époque », ils proposent de transformer le 11 novembre en une journée unique de commémoration de toutes les victimes de toutes les guerres. Cette transposition à la France du « Memorial Day » américain est-elle vraiment appropriée ? Notre « vieux pays »  doit-il calquer son mode de commémoration sur celui d’une nation dont l’histoire dépasse à peine deux siècles ?
Couper le lien entre le 11 novembre et les événements distincts et singuliers auxquels cette date renvoie encore aujourd’hui, ne risque-t-il pas de dénaturer profondément le sens de la commémoration, en la plaçant sous les signes de l’abstraction et d’un vague sentiment compassionnel ?Cette commémoration unique, au rebours de ce que souhaitent certainement ses promoteurs, pourrait bien accélérer les phénomènes de perte des repères et d’amnésie collective que nous voyons déjà à l’œuvre.
L’identification du 11 novembre avec la fraternité des tranchées nous renvoie à ce moment capital de notre histoire, où le sens d’une communauté d’épreuves refonde en quelque sorte la nation. Le contenu spécifique de ce jalon unique de la mémoire nationale ne doit-il pas être précieusement préservé, plutôt que dissous et désincarné ?
Comment affronter ensemble les épreuves qui viennent, si la mémoire précise des épreuves passées qui ont forgé la conscience nationale, n’est plus transmise à travers les commémorations publiques et les programmes scolaires d’histoire ?
Pour que ces commémorations nous orientent vers l’avenir autant que vers le passé, il ne faut pas les laisser s’étioler. Il faut y associer activement élèves, enseignants, parents, « jeunes » anciens combattants de nos opérations extérieures. Beaucoup d’élus s’en soucient et prennent des initiatives heureuses en ce sens. Ainsi, lorsque les enfants d’une commune placent une fleur sur chaque tombe à l’appel des morts de 1914-1918, ils s’insèrent dans une continuité, partagent une fierté et manifestent une reconnaissance. Lorsque les membres d’un Conseil municipal d’enfants se recueillent en entendant résonner, au milieu des drapeaux, la sonnerie aux morts, dans un matin brumeux de novembre, soudain ils échappent au harcèlement du présent et découvrent le sens de la profondeur historique.
Cependant, pour qu’elle soit pleinement féconde, cette participation des jeunes aux commémorations patriotiques doit pouvoir s’appuyer sur un enseignement de l’histoire qui nourrisse le sens de l’appartenance à un patrimoine commun de références et de valeurs. Il ne faut pas que l’histoire et la géographie nationales se soient évanouies de leur programme d’enseignement.
Or, les réformes successives des programmes d’histoire depuis 2009 ont fait apparaître un amenuisement et un appauvrissement de l’enseignement, qui inquiètent de nombreux historiens, parents d’élèves et professeurs.
Oublis, relégations, faits et personnages majeurs en option : des pans entiers de notre histoire nationale ne sont plus enseignés, alors que l’étude de civilisations extra-européennes devient très tôt obligatoire.
La même dérive s’observe dans les programmes de géographie, où l’étude de l’espace national se restreint au profit du niveau européen et des territoires infra-nationaux. Compte tenu de l’importance dans notre pays de la fonction intégratrice de l’histoire et de la géographie, il n’est plus possible de laisser le seul arbitraire de quelques inspecteurs généraux de l’Education nationale, rémunérés par la nation, régner en maîtres absolus sur les programmes.
Le débat sur l’identité nationale aura été vain, si l’Etat n’est plus en mesure d’assurer un suivi précis et cohérent du contenu des programmes et des manuels scolaires. La représentation nationale doit également se saisir de ce sujet majeur, pour éviter l’opacité et éclairer le débat. Je souhaite qu’une commission d’enquête parlementaire lui soit spécifiquement dédiée. Veiller à l’adéquation entre le contenu des programmes scolaires et l’idée que la communauté nationale souhaite se faire d’elle-même et transmettre à ses enfants, est un enjeu de société absolument essentiel et de long terme, qui ne peut plus rester confiné à des jeux d’experts.
Le 11 novembre nous rappelle le rôle déterminant que joue la transmission de l’histoire : complète, elle fortifie la cohésion nationale ; atomisée, elle contribue à la défaire. L’enseignement de l’histoire nationale reste aujourd’hui le meilleur antidote aux dérives communautaristes et individualistes qui menacent cette cohésion. A condition de savoir insérer les jeunes dans une trame chronologique longue. A condition de rendre compte autant des lumières que des ombres. A condition de savoir s’appuyer sur les vecteurs novateurs qu’offre la technologie. A condition de préférer former des citoyens ancrés, plutôt que des nomades connectés.



Vendredi 11 Novembre 2011
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