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Vincent Riou, Akena Vérandas, 10ème au classement IMOCA

L'Atlantique Nord a sa tête des mauvais jours : depuis ce matin, les navigateurs qui ont choisi de rester sur l'orthodromie subissent des coups de mortier à répétition, alimentés par le centre dépressionnaire qui génère des vents de plus de quarante nœuds dans les rafales. La mer s'est creusée et la progression des voiliers qui tentent de forcer le passage s'en trouve ralentie. Au nord, on attend son heure. Au sud, on espère que le détour volontaire portera ses fruits. Mais le retour sur investissement risque de ne pas pouvoir être évalué franchement avant le franchissement de l'arc antillais.



Quel est le plus difficile pour les concurrents de cette Transat Jacques Vabre après trois jours de course ? Subir les assauts d'un océan Atlantique au bord de la crise de nerfs ou surveiller la progression des concurrents qui ont choisi une option différente ? On imagine bien que dans des conditions favorables, on a tout loisir de passer du temps à la table à cartes, de faire tourner les modèles météorologiques, de supputer des chances des uns et des autres… Mais quand le vent souffle à près de quarante nœuds, c'est une autre musique. Le moindre virement de bord demande de très longues minutes d'efforts entre les ballasts à remplir, les voiles à faire passer d'un bord à l'autre. Sans oublier l'exercice particulièrement gratifiant du matossage : en bref, transporter tout ce qui peut l'être d'un côté du bateau à l'autre depuis les sacs à voile jusqu'à la brosse à dents. Et ce, dans un bateau vidé de la plupart de ses aménagements intérieurs, rendant l'opération d'autant plus périlleuse qu'il s'agit de vivre dans un univers sans véritable point d'accroche, penché à trente degrés… Autant dire, que la moindre décision de changement de trajectoire demande d'avoir réfléchi à deux fois.

La guerre des retranchés
Dans ces conditions où le navigateur ne pourra pas, non plus, passer des heures à la table à carte sous peine de mal de mer insidieux, il faut être capable de synthétiser rapidement les informations, d'évaluer les prises de risques en terme de fatigue d'une part, de casse de matériel de l'autre. Un exercice autrement plus délicat qu'il n'y paraît, même si tous les concurrents engagés sur cette Transat Jacques Vabre sont rompus à ce type d'acrobaties : au diable les recadrages tactiques, ce sont les grands choix stratégiques qui priment même si on surveille parfois avec inquiétude les progressions des uns et des autres. Michel Desjoyeaux (Foncia) n'avouait pas autre chose à la vacation de midi, quand il constatait que ses concurrents positionnés sur la route directe n'avaient jusque là, pas subi le coup de frein espéré par les hommes du sud. D'autres étaient moins diserts, à l'instar d'un Jean-Luc Nélias (Veolia Environnement) soucieux de ne pas lâcher la moindre information susceptible d'éclairer la concurrence. Certains n'ont pas ces précautions oratoires, tel un Marc Guillemot (Safran) n'hésitant pas à décrire par le menu, le tambour de machine à laver qui les essore. Même Sam Davies (Artemis Ocean Racing), dont on connaît le bonheur de vivre en mer, reconnaissait que les conditions étaient particulièrement délicates à négocier.

Brit Air abandonne
Brit Air était arrivé à Concarneau en début d'après-midi et l'équipe technique s'était aussitôt attelée à faire un premier diagnostic des réparations à effectuer. En tout état de cause, comme pour Alain Maignan et Nicole Harel (Fenetrea Cardinal) en escale technique à Lorient, les conditions qui les attendaient sont délicates : la dépression qui frappe la flotte ne tardera pas à gagner le golfe de Gascogne et promet des instants particulièrement difficiles pour qui voudrait reprendre la mer dans les prochaines heures… L'évident souci de ne pas mettre en danger leur bateau, conjugué à l'absence d'enjeu sportif d'une course à la traîne du reste de la flotte a donc amené Armel et Nicolas à déclarer forfait. La réparation du rail de grand-voile n'était pas, en soi, insurmontable, mais les conditions météo sur zone en ont décidé autrement. Comme quoi, par effet domino, une avarie, somme toute mineure, peut avoir parfois des conséquences redoutables. C'est la même analyse de cette situation qui a finalement motivé l'équipage de Prince de Bretagne à chercher refuge au sud du cap Finisterre, vraisemblablement à Vigo, quitte à naviguer un peu plus longtemps avec une grand-voile handicapée. Avoir déjà dans son dos la pointe de la péninsule ibérique sera peut-être décisif à l'heure de reprendre la route de Puerto Limon.

Ils ont dit :
Lalou Roucayrol, Région Aquitaine Port Médoc, 2ème au classement Multi50
«Les conditions en mer ne sont pas hyper faciles. On va faire notre chemin en essayant de grappiller ! On est super content d'être à la deuxième place, en plus, à bord ça se passe à merveille : on mange bien et dans la brise on est à l'aise. La première nuit, on s'est fait plaisir car on allait très vite. Pour l'instant, on arrive à bien gérer le bateau au près, dans 35 nœuds de vent…On est à l'abri tout le temps, on est mouillé dans les manoeuvres mais on a un bateau confortable et on peut y vivre relativement bien. »

Marc Guillemot, Safran, 2ème au classement IMOCA
« Ça va « brutalement » : ça cogne, ça cogne, ça cogne ! Depuis la fin de la nuit, on a constaté une dégradation de la mer avec des rafales de plus en plus puissantes. C'est bien d'avoir un marin comme Charles à bord. Les manœuvres sont particulièrement dures à enchaîner dans ces conditions mais avec Charles on arrive à gérer. Par rapport à notre option nous sommes satisfaits : si on est là c'est par ce qu'on l'a voulu. Je préfère largement être ici, même si c'est certainement plus dur. Par contre il faut tout le temps faire gaffe avec le matériel… Mais on est là et on assume ! …»

Vincent Riou, Akena Vérandas, 10ème au classement IMOCA
«Ça va bien. Les premiers jours ont été humides mais les conditions n'ont pas été difficiles pour l'instant : nous avons pris une option confortable, vers le Sud et nous n'avons eu aucun souci sur le bateau. Nous avons choisi une route intermédiaire. Les conditions restent donc maniables. Avec Arnaud ça se passe très bien : on n'a pas eu de souci par rapport aux manœuvres, de plus, on a réussi à bien se reposer. C'est un garçon fort agréable à vivre… »


Classement à 17 heures :
Multi 50 :
1 Crêpes Whaou ! (FY Escoffier – E Le Roux) à 4315,3 milles de l'arrivée
2 Région Aquitaine Port Médoc (Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro) à 22,6 milles du premier
3 Prince de Bretagne (H Cléris – C Dietsch) à 233,9 milles du premier
(Guyader pour Urgence Climatique non localisé au classement de 17 heures)

IMOCA 60
1 BT (S Josse – JF Cuzon) à 3860 milles de l'arrivée
2 Safran (M Guillemot – C Caudrelier) à 10,7 milles du premier
3 Veolia Environnement (R Jourdain – JL Nélias) à 10,9 milles du premier
4 Mike Golding Yacht Racing (M Golding – J Sanso) à 32,4 milles du premier
5 Aviva (D Caffari – B Thompson) à 37,3 milles du premier




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Jeudi 12 Novembre 2009 - 01:08
Vendeeinfo

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